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Les grandes illusions
1 septembre 2007

Un papillon au plafonnier #7.

"Je fis un inventaire, sans doute le carnet de bord me manquait-il. J'y consignais mes amours mais très vite l'inquiétude me gagna. Je ne réussi jamais à noircir les quatre-vingt seize papiers. Je dû me rendre à l'évidence, je n'aimais que deux choses : le vol de chair – la voix est une promesse que l'on laisse à la bouche, mais elle est belle et bien une chair saturée, une débauche organique – et la route.
Il faut dire que cette dernière continuait la lignée des paradoxes tant choyés, et jamais je ne pus me résoudre à l'aimer moins qu'une femme.
Le phénomène est, je crois, d'une simplicité limpide. La route m'émerveillait autant qu'elle mettait ma vie en péril. Les différentes signalisations au sol étaient une épreuve jugée aussi fascinante que dangereuse. Car si les lignes continues qui se brisaient parfois ne me laissaient plus le choix que de rouler tout d'abord parce qu'elles étaient une attraction et qu'ensuite je ne concevais pas un seul instant de briser la géométrie d'une pareille beauté, il ne fallait pas oublier l'essentiel, à savoir qu'elles étaient un piège. De prime abord indifférentes et sans perversion, elles alourdissaient mes paupières d'un kilogramme de fatigue par kilomètre.
Il ne faut pas croire que les types qui font ces chef-d'oeuvres linéaires sur le macadam sont des idiots. Bien au contraire, ce sont des artistes. En tant que tels, nous ne pouvions que nous comprendre."

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