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Les grandes illusions
21 août 2007

Un papillon au plafonnier #3.

"En un mois, je suis devenu le plus grand collectionneur de coeurs. Je les prenais dans mes filets, et puis je les oubliais, bien vite, trop vite, en me disant « si seulement elle avait été moins facile, cette fille serait une femme aujourd'hui ». Vous savez, avec des si on mettrait nos coeurs en cage.
La manoeuvre était simple. Je dis manoeuvre parce qu'un papillon sait se garer en créneau, ne soyez-pas surpris. Surtout de ces créneaux qui campent aux yeux des femmes, qui s'échinent de bleu quand les réverbères se taisent. Le regard d'une femme est un vrai parking poétique, ne riez pas.
Je les aimais toutes, je jure que je les aimais toutes. Pas une ne venait mourir dans mes filets dans l'intention unique de mourir, mais dans celle d'être aimée, simplement. Et je les aimais, je le jure.
Il est drôle de se dire qu'à une époque révolue – vous aussi, vous aimez les révolutions ? - je déplorais les pillages de coeur en série. Les types qui font ça sont des barbares, soyons francs je l'ai toujours pensé. Comment en arrive-t-on là alors ? A blâmer ceux qui vivent, on finit par dépérir. C'est la stricte vérité, et il n'y en a pas d'autres.
J'étais donc devenu une révolution à force de quotidien. Mais ne vous méprenez pas, tout me différenciait des connards habituellement nommés, car je n'étais pas barbare non. J'étais artiste.

Je ménageais la mort des coeurs collectionnés, et elles n'en étaient que plus terribles encore : j'abuse de modestie en jurant la beauté franche de leurs derniers soupirs. Je ne sais si une femme est jolie comme jamais quand elle part pour toujours parce que la nuit est douce ou parce que cette nuit est d'amour.
Je m'assimilais alors à la plus belle et la plus rare espèce de corbeaux, je volais, dans mon coeur ou dans ma tête, cela reste une interrogation aux plus belles rondeurs, mais je volais. J'étais devenu le plus formidable, le plus génial voleurs de coeurs."

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