Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les grandes illusions
19 mars 2008

Tourne-ciel.

tourne_ciel

la bouche du train
avale un drôle de cerf-volant
qui nage dans le ciel
comme une ritournelle
un air entêtant
qui revient toujours
entre deux hirondelles
il y a un homme assis
qui tourne les pages
du journal libération
de profil on dirait
un tableau de Dali
je le trouve suréaliste
m'imagine amoureuse
comme tu me manques
et qu'il ressemble à Dali
il m'offre une cigarette
je décline l'offre
parce que l'on est
seuls tous les deux
et que j'ai peur que le trajet
ne se consume trop vite
je sors une toile
parce que tu me manques
et qu'il ressemble à Dali
je sors des arcs-en-ciel
de mes poches
et je peins
le drôle de cerf-volant
une hirondelle
dans la bouche du train
l'homme de profil
et ton absence
je peins mal
mon soleil est resté
à quai
Dali me regarde
il sourit un non-dit
et je le trouve surréaliste
m'imagine amoureuse
et je pleure
car le train déjà
arrive en gare
tu me manques
il m'arrive de me dire
que les jours sans toi
ne sont que des trajets
oubliés dans les pages
d'un journal de gauche
où l'on se croit amoureuse
d'un tableau de Dali
je descends avec mon coeur
pour seul bagage
j'ai une dernière larme
pour ce train qui a mangé
mon homme


(je sors de cette gare
où j'ai laissé
le train manger le ciel
je m'en veux un peu)


c'est une chambre
aux rideaux lavandes
ses murs répandent
des bouquets de bleuets
les deux se marient très mal
mais je m'en moque
je ne songe pas encore
à t'épouser
il y a des hommes
qui frémissent
entre ces murs
et ces rideaux
qui se marient mal
je reste froide
ils s'en vont tous
un à un
ils ne savent pas
que je pleure
dans les bras
d'un balcon
seule avec moi
et ton absence
tu m'appelles
souvent
et tu ne sais pas
combien cette chambre
et ses murs et ses rideaux
qui se marient mal
me désespèrent
que je songe à t'épouser
quand je pleure
par dessus le balcon
et qu'ils sont tous partis
un à un
quand les draps
m'enlacent
et que je me lasse
de cette chambre
des hommes qui partent
et de toi
si tu savais combien
tout cela m'est odieux
comme mes épaules
sont lourdes de pluie
comme il fait froid
quand la nuit se jette
depuis le balcon
comme je suis nue
sans ta peau


(j'ai froid et
les jours s'inscrivent
dans le revers d'un nuage
en attendant
la prochaine intempérie)


il a quinze ans
est amoureux
de la promesse
de mes vingt printemps
la belle affaire
je lui explique
que l'on ne peut
s'aimer comme il l'entend
qu'il faut être deux
et que je suis seule
il te blâme
parce que j'ai
le coeur tremblant
et que tu n'es pas là
je sais qu'il a raison
mais que dire
face à l'absolu
je passe mon année
à visiter paris
de fond en comble
pour éviter ses quinze ans
et mes yeux pluvieux
quand il parle d'amour
accoudé à la fenêtre
je le retrouve partout
un jour alors
je lui explique
que je t'aime
et peut-être que
c'est aussi simple que cela
finalement
il referme la fenêtre
j'ai le dernier mot
et le ventre noué
pour tous les printemps
à venir


(l'année s'écoule
comme une unique saison
je redoute le printemps
comme je redoute
de te revoir)


j'ai trois doutes
qui m'étreignent
quand j'éteins
les lueurs de la nuit
je ne parviens plus
à fermer les yeux
à chaque fois
c'est pour vous imaginer
l'un dans l'autre
les bras amoureux
les bouches immenses
à chaque fois
c'est pour l'imaginer
virevolter
dans la robe de tes bras
je ne parviens plus
qu'à douter de moi
je me regarde
dans le regard
des hommes
et j'espère y voir
un peu de ton désir
pour elle
je m'imagine tout
et je me demande
si elle me voit
quand elle ferme les yeux


(je vois les jours s'abattre sur Paris
comme une nuée
d'hirondelles
je sais qu'elles font le printemps
et qu'il est presque l'heure)


j'ai fait mes valises
trop pleine d'une fatalité
des jours passés
en notre absence
je tremble comme
une feuille dans
l'étreinte du vent
il pleut dehors
et jusque dans mes yeux
je ne sais si
tu m'embrasseras
sur le quai
si je te parlerai
de cette chambre
de ses quinze ans
et de mes doutes
je ferme à clef
cette vie que je pleure
malgré moi
relis une lettre
ouverte dans
la crainte du départ
je me tais
jusqu'à midi
où je rate mon train


(je prends le train de nuit
il n'y a plus de drôle
de cerf-volant
que des larmes)


mon soleil
est toujours à quai
les rayons trempés
par les pluies passées
à m'attendre
je pleure
parce qu'il pleut
et que tu es là
parce que j'ai abandonné
dans ce train
d'autres vies
qui manquent de sens
sans toi
parce qu'il a fallu
que je m'exile
dans ces trajets sans finalité
pour comprendre
combien les trains
sont gourmands
combien le bleu et la lavande
se marient mal
combien les hirondelles
ne font pas le printemps
combien il faudrait
brûler toutes ces lettres
qui portent d'autres noms
mes mains alors naissent
dans les tiennes
tu prends le train
avec moi
et je tombe amoureuse
parce qu'il pleut
et que de profil tu m'évoques
un tableau de Dali

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Celui là je ne m'en lasserai pas.<br /> <br /> Je crois qu'il est le pire.<br /> Le meilleur.<br /> <br /> (démenciel, démenciel, mademoiselle.)<br /> <br /> Celui là, il me grave, il me mange.<br /> <br /> Il me laisse des coups de tes pincaux dans la tête.<br /> <br /> Je t'embrasse.<br /> <br /> Claire
Les grandes illusions
Publicité
Les grandes illusions
Archives
Publicité