Les cents ciels
Nous étions sous l'arc
du ciel.
La pluie débordait de tes poches.
Tes bras en parapluie
au dessus de mes cheveux
de papier-mouillé
comme le toit du monde.
A travers je voyais
les veines des gouttes
courir jusqu'à la cime de tes cils.
Sur le banc de ton épaule
je te murmurais
au grain du froid,
comme du papier glacé,
des mots gris
des mots bleus
des mots de vérité,
nus sous ton manteau
de frissons.
Je suis idiote.
(Dans tes volutes
le parc avait l'air moins figé.)
Je n'ai pas vu un instant
que cet oiseau
aux ailes délicates
déposées
à travers les rêveries des nuages
c'était toi,
cet oiseau.
Quand je te parlais
de mes presque et mes ils,
toi tu m'aimais.
Au parc j'aurais dû me taire
rester sous l'arche de tes souffles,
embués,
et me laisser recouvrir
par la pluie.
J'aurais dû me taire
quand je te perdais.
(Je l'ai su
à l'instant où tu as marché vers d'autres ciels.)